La douceur de vivre ici
dimanche 03 janvier, 22h35.
Bon début de semaine métropolitaine, qui doit être synonyme de rentrée ! En y pensant ce soir, je me souviens du fait que je voyais souvent la rentrée de janvier comme le début de la fin de l'année scolaire, qui allait ensuite s'écouler presque linéairement jusqu'aux très attendues grandes vacances : les jours rallongent jusqu'au bout -- et début janvier est le cœur d'une saison sympathique, riche en événements, qui est toujours passée trop vite pour moi. Nous sommes ici bien loin de ce calendrier et nos préoccupations sont tout autres.
L'Astrolabe est prévu pour arriver à quai au Lion très prochainement -- mardi après-midi pour être précis, si le pack se présente bien comme ce que les images satellitaires le suggèrent depuis quelques jours. Deux semaines seulement qu'il est parti et le sentiment d'isolement s'était pourtant déjà bien refermé sur nous autres, naufragés sur notre petit bout de caillou. Sentiment qui a quelque chose de réellement délicieux, qui est très vraisemblablement l'un de ceux qui m'attiraient en me décidant à venir ici.
Réveillé vers midi, je rejoins quelques uns de mes camarades de la TA60 au séjour pour un départ pique-nique -- un peu improvisé -- en direction de la pointe sud de l'île, avec une large vue sur le continent, dont les pentes glacées viennent se jeter dans l'océan à quelques kilomètres de là. Par chance, nous avons pu voir, à ces heures parmi les plus chaudes de la journée, des pans entiers du glacier de l'Astrolabe se rompre et se précipiter dans l'eau libre, qui est présente sur une large part du littoral continental. Je pense que j'y retournerai dès qu'une belle journée ensoleillée se présentera, avec mes jumelles. Ce spectacle est en effet impressionnant, d'une échelle tout bonnement gigantesque. Dans l'après-midi, certains blocs de glace ont atteint la piste du Lion et se dirigent maintenant lentement vers le large. Pique-nique donc vraiment agréable avec une partie de mes cohivernants, parmi les manchots et les labbes et avec une vue superbe. Retour par divers bâtiments et presque autant de cafés pris. On discute au gré des rencontres. DDU le dimanche, c'est un rêve de convivialité.
Comme vous pouvez le voir, l'hivernage prend lentement réalité, dans une ambiance de plus en plus sereine je trouve. Il faut, je pense, un certain temps pour que chacun s'apprivoise. Je sens en tout cas une énergie positive que l'on construit chaque jour entre nous, sans que nous nous en rendions forcément compte d'ailleurs.
Baudelaire ne pensait vraisemblablement pas à l'île des Pétrels en évoquant la "douceur d'aller vivre là-bas", peut-être tout simplement parce qu'il ne la connaissait pas. Je puis vous dire que ce poème prend un certain sens ici...
Bonne semaine !
PS : N'oubliez pas vos éventuelles dédicaces aux hivernants de la 59 partant à R2, que vous pouvez nous faire parvenir sur ce blog ou celui de Marion : http://entrenordetsud.blogspot.com/