Une journée de vadrouille

vendredi 5 février, 11h10.

  Journée exceptionnelle hier ! De repos, j'en ai profité pour partager quelques heures avec mes camarades ornitho puis pêcheurs. Levé à 07h30, nous sommes partis en petite barque direction l'île Bernard, de l'autre côté de la piste du Lion. Cette île est réellement magnifique, très escarpée, juste ce qu'il faut vu mes capacités en évolution sur parois pentues... Marie, Marion, Marie-France et moi-même sommes allés compter les poussins Adélie et baguer deux poussins de labbes/skuas de MacCormick. Les vues sur le continent depuis cette île sont à couper le souffle (cf photo #1), et puis on se sent vraiment isolés, tranquilles, parmi les animaux qui ne reçoivent qu'exceptionnellement la visite d'humains, dans un but uniquement ornithologique. La tournée s'est poursuivie par la petite île de Lamarck, où nous avons revu le gorfou que j'avais découvert mercredi à la pointe noire. Point de manchot royal malheureusement.

Après le repas, nous avons mis le cap sur l'île du Gouverneur, deuxième plus grande île de l'archipel après la notre. Un amour d'île, très tranquille. Il y en a pour tous les goûts : quelques rochers bien escarpés, des "plages" et un grand lac au centre. J'y étais déjà venu, le 16 décembre, lors de ma balade à pied quand la banquise le permettait encore, mais cette visite, alors en meilleure forme physique, m'a été beaucoup plus agréable. J'ai pu beaucoup plus profiter des paysages et des formations géologiques très esthétiques. Magnifique !

De retour à l'abri côtier, je suis d'emblée embarqué par les pêcheurs pour une sortie au large. Banco ! Direction les immenses cathédrales de glace à une dizaine de kilomètres de la base face au continent. Le but de la manœuvre est d'explorer à l'aide du robot télécommandé "ROV" les fonds marins à proximité des bergs pour analyser la faune locale, son habitat, son comportement mais également l'impact du frottement des icebergs sur le fond et son écosystème. Bien bercé par une houle de nord et bien trempé par les embruns, je n'ai malheureusement pas pu profiter à fond -- transi de froid et un peu barbouillé. Au retour, nous avons relevé deux filets posés le matin et ô miracle ! Le poisson très attendu par tous depuis le début de la campagne de pêche, le fameux poisson des glaces, apparaît. Tout le monde se précipite pour admirer la bébête, effectivement assez impressionnante.

Rentré vers 20h30 complètement claqué, j'ai du cependant clôturer la journée de la station météo. Ces jours-ci, une grosse pression se fait sentir. Ouverte à 05h30 jeudi, puis à 02h ce matin, la station est un des centres névralgiques de l'organisation logistique, d'autant plus que la bonne tempête prévue pour aujourd'hui a effectivement commencé à souffler. Deux avions en provenance de Concordia ont réussi à trouver un créneau pour atterrir hier après-midi et ce matin. Nous comptons d'ores et déjà huit personnes de plus sur la base. Parmi ceux-ci, Eric Brun, l'ancien directeur de mon labo -- étonnant de le rencontrer à l'autre bout du monde !