Ailleurs

jeudi 21 janvier 2010, 23h40.

  La brise marine caresse mollement mes joues et me rafraîchit de la suffocante chaleur estivale. Alternativement, l'eau salée monte jusqu'à mes mollets. Une bonne bouffée d'air iodé de la Méditerranée dans les poumons, équipé de mon masque et de mes palmes, je m'élance et plonge dans le bonheur sous-marin. Sous moi, les fonds multicolores de Cap l'Abeille. Les bancs de poissons me contournent dans une parfaite harmonie. Je lève la tête. L'image étrange et mouvante du Soleil apparaît éclatante dans le bleu. Je suis juste incroyablement bien. 

13h. Je me réveille. Par la fenêtre, du gris, de la bruine. Le ciel est bas et la lumière est pauvre, presque blafarde. On ne voit pas à trois kilomètres. Nous sommes pourtant au cœur de l'été austral. Deux visions de l'été bien différentes. Cet épisode de temps bien maussade commence à impacter sur l'état d'esprit de mes camarades Adéliens et de moi-même.

Journée comme vous l'aurez compris assez tristounette. Les activités de la base sont toujours très limitées et le timing d'ici le départ prévu de l'Astrolabe samedi commence à devenir des plus serrés. L'hélicoptère allant chercher nos camarades à Mawson's Hut n'a toujours pas pu décoller, ni les avions en provenance de Concordia atterrir. Presque impossible de se convaincre que le chamboulement que va représenter le départ de R2 est maintenant imminent.

Pour la première fois depuis que je suis arrivé, je ne vais pas vous proposer de photo d'ici, mais plutôt une image représentative de ce que j'ai en tête aujourd'hui, prise depuis l'avion peu de temps après le départ de Sydney...