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Jbis adeliae (TA 60)
12 juillet 2010

149 km/h !

Photo #1 : lundi 05 juillet. Le Soleil au plus haut darde de ses rayons un immense couloir entre deux bergs de plusieurs centaines de mètres de long.

lundi 12 juillet 2010.

 20h40. Je sélectionne mes photos pour le billet que je compte écrire. Soudain un bruit sourd, inquiétant semble envelopper la station météo. Depuis 20 secondes, j'ai l'impression que le bâtiment tout entier est transporté dans un tourbillon impressionnant de vent. Par la fenêtre, c'est un tumulte de neige en paquets lancés à vive allure à travers la base. Je me dirige vers le PC d'observation : 149 km/h ! Ce nouvel épisode de vent catabatique devient le second en intensité pour cette année, derrière les 173 km/h atteints le 05 juin dernier. Depuis 36 heures, nous sommes pris dans une tourmente assez terrible, avec de la neige à la tonne, des nuages -- la luminosité qui va avec -- et puis du vent, beaucoup de vent. Ainsi, depuis hier matin, les congères ont pris un bon mètre de hauteur supplémentaire : le trajet entre le 42 et le séjour, et a fortiori la météo, a des dehors d'expédition, bien modeste certes, mais tout de même ! A 18 heures, sous-estimant l'intensité du vent (130 km/h à ce moment-là) pour rallier la station météo depuis le dortoir, je me suis retrouvé agrippé à une barrière avec de la neige à mi-mollet, le souffle littéralement coupé, comme agressé par une neige volant en tous sens : j'avais tout simplement commis l'imprudence de ne pas mettre mon masque...


Après un début juillet un peu mou côté météo et une succession de jours maussades, très gris mais calmes, juillet semble vouloir nous rappeler que nous abordons les semaines les plus hivernales de l'année Adélienne ! D'autant plus que nous avons amélioré notre minimum annuel, avec -27,8°C au matin du 5 juillet.


Hormis évidemment la météo, deux sujets de conversation reviennent régulièrement entre les hivernants. D'une part la naissances des poussins Empereurs, qui se font cependant des plus discrets : certes, on les entend de temps à autres piailler à l'intérieur des tortues d'adultes. Parfois, en étant patient, la récompense est là : on voit une petite bouille sortir d'entre les pattes de monsieur son papa. Adorable ! Comment ne pas fondre devant ce tout petit animal, blanc et noir, sans force, bien à l'abri dans la poche protectrice de son parent ? Promis, dès qu'un peu de lumière daigne atteindre la base, je vous enverrai des photos !


Avec le temps qui n'engage pas trop à sortir, l'autre sujet récurrent est l'après-DDU. Qui parle en effet de la Nouvelle-Zélande, qui de son projet de grand voyage en Australie, de grandes randonnées en Tasmanie... On passe ainsi pas mal de temps à chercher dans les bouquins la perle rare, le coin incroyable en Océanie dont la seule pensée fera oublier un peu le froid, le blanc permanent, le vent sans répit.


D'un point de vue personnel, inutile de nier que le manque de lumière et le temps pas très clément pèsent fortement sur l'organisme : un peu déboussolé, mon corps est comme assoiffé de sommeil. C'est en effet un réel effort pour moi que de maintenir un rythme quotidien en adéquation avec le travail et les horaires de la base. Il m'est très difficile par exemple de ne pas m'endormir vers 17h30, le temps de quelques dizaines de minutes entre l'élaboration du bulletin de prévision et mon passage à la radio.


A part ça, tout va toujours pour le mieux. La banquise est très solide et nous pouvons faire de grandes balades, autant que les 5 heures de clarté le permettent, les rares jours de temps favorable. Lundi dernier, nous sommes ainsi allés faire une bonne sortie entre les bergs situés dans la continuité du glacier de l'Astrolabe. Quels paysages ! Vivement une nouvelle journée calme pour nous en mettre plein les yeux !

Photo #2 : lundi 05 juillet. Balade entre les bergs au large du glacier. Celui-ci présente des formes tout à fait extraordinaires : on peut voir une arche multiple à gauche, ainsi que de larges crevasses taillées dans l'énorme masse.

Photo #3 : Aurore illuminant la nuit du 4 au 5, photo prise par -25°C...

Photo #4 : samedi 10 juillet, 10h15. Avant une grosse manip' de pêche avec notre pêcheur Jean et quatre autres camarades, lever de Soleil -- juste sublimissime -- pris devant le laboratoire "biomar".

Photo #5 : lundi 12 juillet, 08h30. Capture d'écran issu d'un petit film-souvenir que j'ai réalisé lors de mon trajet entre le dortoir et le séjour. Je suis sur la passerelle conduisant au séjour, visible à droite. A gauche, on distingue la passerelle en direction de la centrale énergie. Les 80 km/h du moment suffisent à soulever et transporter une masse incroyable de neige fraîche, tombée massivement la veille.

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